Titan. Que sait-on du sous-marin américain disparu avec 5 milliardaires à bord ?

Un sous-marin avec cinq membres d’équipage qui explorait l’épave du Titanic a disparu en mer depuis dimanche. La course contre la montre pour retrouver le submersible se poursuit.

Conçu pour emmener cinq personnes dans les fonds marins, long d’environ 7 mètres, le Titan a entamé sa descente dimanche au large de la côte nord-est américaine et le contact avec l’engin a été perdu moins de deux heures après son départ.
Depuis, une vaste opération de recherches est en cours dans l’espoir de sauver, d’ici jeudi, un Américain, un Britannique, un Français et deux Pakistanais, passagers du sous-marin de tourisme descendu visiter l’épave du Titanic par 4.000 mètres de fond dans l’Atlantique nord. Cette opération mobilise les forces armées américaines, épaulées par le Canada et la France.
Mais, trois jours après la disparition, l’espoir de retrouver les disparus vivants s’amenuise. Des bruits ont été récemment captés sous l’eau et les secours tentent d’identifier leur origine.
Dimanche, cinq membres d’équipage, dont l’ex-plongeur Paul-Henri Nargeolet, ont embarqué à bord du Titan pour aller explorer l’épave du Titanic. Quelles sont les mensurations du Titan ? Comment fonctionne-t-il ? Et remplissait-il tous les critères de sécurité ? Sud Télégramme fait le point sur ce submersible d’exploration.
À quoi ressemble le Titan ?
Le Titan est un petit sous-marin de forme de cylindrique blanc ventru de sept mètres de long pour 2,5 mètres de haut. Selon la fiche technique d’OceanGate, le constructeur, l’engin est capable de descendre à 4.000 mètres de profondeur environ. Il peut donc résister à une pression de 400 bars, l’équivalent d’une force de 400 kg s’exerçant par centimètre carré. Le submersible possède un hublot sur le front de la machine.
Contrairement aux sous-marins des grandes profondeurs, souvent construits en acier et en titane, Titan est le fruit d’une combinaison entre de la fibre de carbone et… Du titane. Les matériaux utilisés garantissent la légèreté à l’embarcation. Sur la balance, Titan émarge à un peu moins de 10 tonnes. En comparaison, le sous-marin français Nautile, habitué des grands fonds marins, pèse près de 20 tonnes.
Comment fonctionne Titan ?
Le sous-marin se déplace à l’aide de quatre moteurs électriques, après une mise à l’eau à partir d’une plateforme immergée. Selon OceanGate, le submersible est doté d’un système de contrôle en temps réel de l’intégrité de sa structure, avec une série de capteurs qui alertent le pilote pour arrêter la descente en cas de danger.
« Toutes les commandes du sous-marin passent par un réseau Wi-Fi, y compris celles du pilotage », a confié à 20-minutes Paul-Henri Nargeolet, l’un des disparus.
Dans une vidéo publiée en 2022, le PDG d’OceanGate Stockton Rush fait visiter Titan et détaille le fonctionnement du submersible, « entièrement contrôlé avec une manette de jeu et des écrans tactiles. » L’engin dispose de 96 heures d’autonomie avec cinq personnes à bord.
Remplissait-il toutes les conditions de sécurité ?
David Lochridge, ancien responsable sécurité pour OceanGate, avait émis des réserves sur l’appareil dès 2018. Cet ancien pilote de sous-marin et plongeur écossais a d’abord travaillé dans le groupe américain en qualité de prestataire, en 2015. Il affirme d’ailleurs avoir été licencié en 2018 après avoir « soulevé des problèmes de sécurité importants concernant la conception expérimentale et non testée du Titan », comme le rappelle BFM TV.
L’ancien cadre de l’entreprise s’inquiétait notamment du hublot, pas conçu selon lui pour résister à la pression sous 4.000 mètres de fond. Selon lui, l’entreprise « a refusé de payer le fabricant pour qu’il construise un hublot conforme à la profondeur requise de 4.000 m ».
D’autres spécialistes des technologies marines avaient aussi tiré le signal d’alarme dans une lettre ouverte au New York Times, il y a cinq ans, doutant de « l’approche expérimentale » d’OceanGate. Le groupe américain n’avait pas pris la peine de répondre.
Pour expliquer l’incident dimanche, plusieurs scénarios se dessinent : soit une perte de propulsion ou de communication, le cas de figure le plus « bénin » selon un expert en robotisation sous-marine, interrogé par l’AFP. Deuxième possibilité, le sous-marin a coulé au fond, les chances de sauvetage seraient infimes. Enfin, la coque a pu être endommagée, ce qui peut être fatal à cette profondeur.
Avec 20 Minutes