Infanticide. Un militaire bat à mort son fils de 4 ans pour un plat de nourriture. Quid des conditions de recrutement des corps habillés au Gabon ?


Libreville le 18/12/2021 (ST)- Aujourd’hui la présence d’un militaire inquiète beaucoup plus qu’elle ne rassure. Quand ils n’abattent pas par simple jalousie leurs compagnes et ceux qu’ils soupçonnent d’en être les amants, quand ils ne malmènent pas de paisibles citoyens sur la route pour un oui pour un non, quand ils ne rackettent pas des taximen et autres usagers de la route, ils battent à mort leurs enfants pour un plat de nourriture.


Hier encore, un enfant est mort sous les coups de son père… militaire. Ce dérapage de trop orchestré une fois de plus par un « corps habillé », pose véritablement la question des conditions de recrutement de ces agents des forces de défense et de sécurité qui, loin d’être patriotes et républicains, ont de cesse de briller au tableau de la sauvagerie et de la barbarie. Et ce sont des euphémisme.
Le 16 décembre dernier en mi-journée, Victorien Moudouma, caporal-chef à l’armée de l’air est entré dans une colère noire après avoir constaté que son plat de feuilles de manioc avait été mangé par son bambin. Ivre de colère, il aurait décidé de « correctement » châtier ce fiston glouton. Il le bat telle une chèvre, il le frappe à divers endroits du corps. Puis, laisse gisant son garçon et va se prendre quelques bières.

Plusieurs heures plus tard, vers 23 heures, en état d’ivresse, le soldat est de retour à la maison. Et reprend sa petite besogne exactement où il l’a laissé. L’enfant fini par succomber sous les coups de son bourreau de père. Et ce n’est qu’en ce moment que Victorien Moundouma Bita, comme revenu à lui, réalise qu’il vient commettre l’irréparable. Habitant le pk11, il décide de transporter l’enfant vers l’hôpital des instructions des armées du PK 9. Là-bas, il va prétendre que «le petit a fait une chute». Un mensonge tout de suite balayé d’un revers de la main, tellement le bambin était amoché.
De source médicale, le petit Baroch Victorien Moundouma, 4 ans, a été trouvé avec la mâchoire inférieure brisée, une double fracture du bras gauche, une fracture du crâne ainsi que des hématomes sur plusieurs autres parties du corps. Ceci après que son père, le caporal-chef de l’armée de l’air l’ait sauvagement roué de coups jusqu’à ce que mort s’en suive.
Devant un tel déferlement de violence on ne peut s’empêcher de penser à une probable possession démoniaque. Sinon comment comprendre que l’on puisse se déchaîner autant sur un être aussi inoffensif, qui plus est sur son propre sang, et dont le seul péché fut d’avoir manger la nourriture de son papa ? Comment un père normalement constitué pourrait-il se rendre coupable d’une telle cruauté s’il n’est habité du plus ténébreux des esprits maléfiques ?
Le fait même que ces dérapages deviennent récurrents inquiète davantage et emmène à s’interroger sur les critères et les conditions de recrutement dans les corps armés. Et ce, d’autant plus qu’on voit de plus en plus de repris de justice arborer les uniformes militaires. L’opinion a encore en mémoire cet épisode honteux où une dame qui venait de se faire voler son téléphone portable, et qui a eu le réflex de lancer l’appel à partir d’un autre appareil, a été désagréablement surprise de constater qu’il sonnait dans le treillis du policier, celui-là même qui les contrôlait.
Il faut avoir le courage de nommer les choses, les forces armées gabonaises sont infestées de braqueurs et autres bandits de tous genres déguisés en militaires. Et apparemment les radiations même télévisées n’ont dissuadé personnes. À ce stade, quand la moralité des recrues est tant problématique, il faut s’en prendre à toute la chaîne de recrutement. Les enquêtes préalables sont vraisemblablement bâclées. Avec autant de cas sociaux dans les rangs il ne saurait en être autrement. Et il serait temps que la hiérarchie militaire sonne la fin de la récréation, à moins qu’on nous dise que ces éléments sont conformes à l’image qu’on veut donner aux militaires gabonais.