Grumes portées disparu à Sindara. Que s’est-il réellement passé ?

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Les grumes de la GSEZ à Sindara toujours en place. ©Cantonnement de Fougamou

ST le 03/07/2022 – Vendredi 1er juillet 2022 le quotidien l’Union publiait en page 5 un article  »incendiaire » sur un mystérieux vol de grumes dans la province de la Ngounié, précisément à Sindara. Mais le fait que plusieurs détails importants aient été omis ou occultés intriguent.

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Dans sa parution du 1er juillet, le quotidien l’Union titrait sur l’ «ouverture d’une enquête sur la disparition mystérieuse de 15 000 m3 des grumes » à Sindara dans la province de la Ngounié le 20 juin dernier. Si l’article reste vague sur les conditions et les auteurs de ce vol sans précédent, l’allusion à une mafia au sein de l’administration des Eaux et Forêts est très claire.

Sans pour autant faire mention de la société victime de ce vol inédit, le média indique que la justice gabonaise aurait d’ores et déjà ordonné l’ouverture d’une enquête après le constat d’un huissier de justice [qui n’est pas nommé lui non plus]. Lequel huissier aurait été dépêché illico presto par l’entreprise anonyme.

Toujours selon le quotidien, «une source sécuritaire proche du dossier» aurait expliqué «que c’est au petit matin du 20 juin 2022 que certains riverains du parc à bois, étonnés par la rotation effrénée des grumiers sur le site, ont alerté un des responsables de l’entreprise. D’autant que ce parc à bois, tout comme la cargaison des grumes qui s’y trouve, fait l’objet d’un litige judiciaire relatif à l’affaire qui a conduit à l’incarcération à la prison centrale de Libreville, le 24 mai dernier, du directeur général des Forêts, Ghislain Moussavou» peut-on lire dans l’article repris mot pour mot par plusieurs médias en ligne.

Seulement, devant ce qui apparaît comme le casse du siècle (15000m3 de grumes distraits en une nuit), plusieurs zones d’ombre demeurent. L’article n’indique nulle part l’essence dérobée, il ne mentionne pas le nom de l’entreprise victime du vol. Tout comme il ne donne aucune précision sur la juridiction qui a ordonné l’ouverture de l’enquête, et depuis quand ?

Malgré tout, les responsables de l’administration provinciale des Eaux et Forêts, les seuls à avoir été cités dans le papier, vont, aussitôt l’article publié, se rendre sur les lieux pour s’enquérir de la situation. C’est Donatien Ndzinga Boundjang, le Chef de cantonnement (CC) des Eaux et Forêts de Fougamou accompagné de quelques collaborateurs qui effectuera le déplacement ce même 1et juillet.

Dans la fiche technique qu’il adresse à sa hiérarchie, et dont nous nous sommes procuré une copie, le CC explique : « les Eaux et Forêts possède un poste de contrôle à Sindara où s’effectuent tous les chargements, et aucun chargement de cette envergure ne pourrait se faire sans documents ». « Avec quels documents ont-ils roulé ? » s’interroge-t-il.

Il poursuit en indiquant que la seule entreprise qui a du bois stocké à Sindara est OLAM GSEZ, qui l’a racheté à PENG XIN. Il souligne dans son rapport que « depuis le 23 Mai 2022 OLAM n’a plus effectué des évacuations, abandonnant ainsi les radeaux au bord de la rivière Ngounié ». Des dires corroborés par les photographies jointes au document.

…Et ses radeaux toujours amarrés dans la rivière.

« Nous n’avons jamais reçu des informations ou des plaintes faisant état de la disparition de stock de bois   ; Nous n’avons jamais reçu un huissier de justice pour confirmer la disparition de 15.000 m3 comme le dit l’article de I’UNION, encore moins des ONG de la société civile» a-t-il martelé. «Nous pensons simplement que c’est une énième cabale ourdie contre l’Administration des Eaux et Forêts, pour des desseins que seuls les auteurs connaissent » conclut le fonctionnaire.

Dans toute cette affaire, c’est surtout la quantité de bois et le laps de temps pendant lequel il a été dérobé qui laisse les experts de l’exploitation forestière dubitatifs. «15000 m3 de grumes correspond parfois à un an d’exploitation pour certains petits opérateurs. Une telle quantité de bois ne pourrait être évacuée même pas en une semaine. Donc le faire en si peu de temps est simplement impensable » estime un ingénieur forestier en poste dans la province.

Les autorités judiciaires de la province, elles également, disent n’avoir appris cette affaire qu’à travers cet article du quotidien l’Union. Ni à la gendarmerie de Fougamou, ni au tribunal de Mouila, personne ne semble être informé de cette mystérieuse disparition de bois qui pourtant, selon le journal, fait couler beaucoup d’encre et de salive.

Mais alors une question s’impose, de qui notre confrère de l’Union tient il cette version des faits qu’aucune source ne peut attester ? Aux Eaux et Forêts beaucoup y voient la main noire des dirigeants de PENG XIN qui ont de bonnes raisons de se venger des responsables actuels du ministère après que ceux-ci leurs aient dépossédé de leurs permis forestiers pour les céder à un autre opérateur. Quoi qu’il en soit, les prochains jours permettront assurément d’éclairer les contours brumeux de cette affaire.

Christopher Engone

Christopher Engone

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