Grève à l’ENS. Enfin l’administration s’explique


Libreville le 7/12/2021 (ST)–Près d’un an après l’exclusion controversée de quatre étudiants en fin de cycle, et deux semaines après le déclenchement de la grève de la faim de ces derniers en guise de protestation, l’administration de l’école normale supérieure (ENS) rompt le silence.

Dans un entretien qu’il a bien voulu nous accorder en lieu et place du DG absent de l’établissement depuis plus d’une semaine, le Dr Hugues Massimba Dimama, Directeur des études des cycles préparatoires, relate les circonstances ayant conduits à l’exclusion des quatre mis en cause.
M. le Directeur des études bonjour. Depuis bientôt deux semaines quatre étudiants dorment devant le portail de l’établissement ayant entamé une grève de la faim pour protester contre leur exclusion qu’ils jugent abusive. Que s’est-il réellement passé pour en arriver là ?
Le problème des ces étudiants part de ce que les 22 et 23 décembre 2020, il y a eu des retards de paiement de bourses. C’est donc suite à cela que ces étudiants ont décidé de faire grève. Sauf qu’en faisant grève ils ont fait entrave aux examens de rattrapage qui se déroulaient dans le même temps. Ils ont perturbé les séances d’examen. Ils sont entrés dans les salles de classes, ils ont invectivé les enseignants, leurs collègues qui composaient. Ils ont déchiré et détruit le matériel et les copies des examens. D’autres même sont entrés avec des seaux d’eau pour les renverser dans la classe. Vraiment il fallait tout faire pour que ces rattrapages (ne ndlr) se déroulent convenablement.
À un moment donné, on a dû faire appel aux forces de l’ordre. Il y a eu des échanges avec les forces durant lesquels des voitures des collègues ont été caillassées…
Des échanges entre les quatre étudiants et les forces de l’ordre ?
Non, c’était un mouvement d’étudiants. Sauf que les quatre ont été formellement identifiés par deux collègues comme étant les meneurs. Il s’avère que certains parmi eux étaient les étudiants de ces collègues là et donc ils n’ont eu aucun mal à les identifier.
Donc à la demande de ces collègues, un conseil de discipline s’est tenu conformément à l’arrêté 343 fixant le régime disciplinaire des étudiants dans les établissement universitaires. Ledit conseil de discipline a eu lieu le 19 janvier 2021. Je vous ferais remarquer que suite à ces manifestations, on a dû interrompre les examens pour les reporter à plus tard. Pour revenir au conseil de discipline, à l’issu de celui-ci, ces quatre étudiants ont été exclus temporairement pour une période de cinq ans [les articles 1, 2, 3 et 4 du procès verbal parlent plutôt d’exclusion définitive ndlr]. Ils ont eu la possibilité de faire appel, cependant l’appel ne peut se tenir que durant un conseil d’orientation. Lequel conseil d’orientation, qui ne traite pas que des questions disciplinaires, doit faire suite aux journées pédagogiques qui doivent être organisées cette années. Sauf que pour des raisons financières, cette organisation n’a pas encore pu se faire.
Depuis janvier ?
Oui et nous sommes toujours en attente de l’organisation de ce conseil d’orientation.
Une exclusion à 6 mois de la fin de son cursus c’est tout de même une sanction assez sévère, avaient-ils des antécédents avant ces mouvements des 22 et 23 décembre ?
Oui, certains parmi les quatre sont des récidivistes.
Mais cela n’a pas été mentionné dans le procès verbal du conseil de discipline, pourquoi ?
On juge sur les faits (actuels ndlr), vous comprenez ? de manière humaine certains d’entre eux sont justes malhonnêtes. Lors du conseil de discipline, nous avions même organisé une sorte de confrontation entre ces étudiants et les collègues enseignants. Ces étudiants ont reconnus les faits qui leur étaient reprochés. Et puis par rapport à ce qui circulent ça et là sur les réseaux sociaux, comme quoi ils n’auraient pas été représentés durant le conseil de discipline, c’est faux. Leurs condisciples de l’Union des étudiants de droits les ont bel et bien représenté.
Vous dites qu’ils ont reconnu les faits, alors qu’eux, attestent le contraires. A-t-on des éléments matériels permettant lever le doute là dessus ?
Nous avons un dossier sur chacun d’eux et le procès verbal fait foi de tout ce que nous disons.
Cette exclusion c’est la sanction maximale pour ce genre de forfait, alors pourquoi un verdict aussi sévère ?
Non ce n’est pas la sanction maximale, il y a plus: l’exclusion définitive non seulement de l’ENS mais aussi de tous les établissements de l’enseignement supérieur du Gabon. Et la sévérité de la sentence obéit au fait que nous sommes dans un établissement où il y a des règles comme dans toute organisation. Vous savez on a connu des grève juste parce qu’il fallait bancariser les étudiants. Ils s’y sont totalement opposés. Et il faut rappeler que nous sommes en année covid, et que l’administration a fait un effort considérable pour valider cette année là. La preuve c’est que l’ENS n’est pas en retard. Nous entamons là l’année 2021-2022, ce que beaucoup d’autres établissements n’ont pu faire. Malgré la pandémie les collègues sont venus tenir les examens.
Je dois rappeler que la bourse en question avait un retard de 2 jours et que ce n’est même pas l’ENS qui paye les bourses mais le trésor publique.
Que reste-t-il à espérer du sort de ces quatre compatriotes ?
À notre niveau, qu’ils attendent le conseil en appel. Parce qu’en l’instant présent le conseil de discipline ne peut pas se déjuger de ce qui a été décidé. Et comme je vous disais nous manquons de moyens pour l’organisation de journées pédagogiques qui sont le préalables à la tenue d’un conseil d’orientation. J’insiste pour dire qu’il n’y a pas que cette situation disciplinaire qui dépend de ce conseil d’orientation. Nous devons aussi et surtout revoir tous nos plans de formation.
Cette situation d’exclusion de quatre étudiants en même temps est quand même inédite à l’ENS ?
C’est tout simplement parce que c’est la première fois que nous avons une telle montée de violence envers les enseignants. Cela ne s’était jamais produit. Souvent lors des mouvement de grève, à la limite ils vont barricader le portail. Mais aller sortir, non seulement leurs collègues mais aussi les enseignants, c’était inédit. D’où la sévérité de la sanction prononcée.
Dr Hugues MASSIMBA DIMAMA merci.