Gabon. Sur qui Ali Bongo Ondimba compte-t-il pour 2023 ?

Libreville le 29/12/2021 (ST)- En cette fin d’année 2021, plusieurs événements retiennent l’attention. Ceux-ci laissent clairement apparaître que les soutiens d’Ali BONGO ONDIMBA sont timorés, quand ils existent, ou alors sont de plus en plus absents. Trois faits pour l’illustrer :

On apprend à travers les réseaux sociaux qu’Ali Bongo a ouvertement sermonné ses frères Francs-Maçons.
Il leur a reproché vivement de l’avoir lâché, alors que lui, il leur a tout donné : postes juteux, argent, marchés, situations… On comprend mieux plusieurs choses dans le management du pays. La vérité finit toujours par se savoir. Mais ces « ingrats » l’ont proprement laché.
Dit-on, l’engueulade a été d’une telle violence que certains en ont eu des migraines.
Si cette information est avérée, il n’est pas certain que ces Francs-Maçons, pères et mères de famille, tolèrent une telle condescendance, une telle humiliation et votent pour lui en 2023.
15 décembre 2021, la Société civile décide et lance un mot d’ordre de Ville Morte.
En dépit de l’activisme et de l’intellectualisme de Dodo BOUNGUENZA et de son Secrétariat Exécutif, qui ont transformé le PDG en une école primaire ou secondaire avec les cours bidons du genre Séances Fédérales d’Études politiques, ou encore 30 leçons pour séduire les Citoyens alors que ceux-ci manquent du strict minimum : eau, électricité, routes, écoles, hôpitaux, alimentation, emploi…
La Journée Ville Morte a été un succès patent et mémorable. On parle de 80% à 85% de suivi.
Calcul rapide : seulement 15 à 20% n’ont pas suivi l’appel à la Ville Morte car faisant partie du camp présidentiel. Il n’est donc pas exagéré de dire que seuls 15 à 20% de la population se reconnaissent au pouvoir actuel.
Ainsi, s’il est candidat en 2023, Ali BONGO ONDIMBA ne peut espérer obtenir au maximum que 15 à 20% au premier tour. Difficilement assez pour être présent au 2e tour. D’autant plus que parmi les 15 à 20%, beaucoup sont venus par peur.
Où sont donc les pédégistes régénérés et revitalisés dont on fait si grand bruit ?
Le 22 décembre 2021 à l’Assemblée Nationale, l’un des Députés, cohérent et qui sort véritablement du lot, Paul BIYOGHE MBA fait une intervention plutôt intéressante, fouillée, nourrie, brillamment construite et exposée.
Contrairement aux observations et analyses sectaires et limitées faites ici et là, il semble désormais établi que volontairement et stratégiquement, le 1er des Premiers ministres d’Ali Bongo Ondimba a décidé de donner un coup de pied dans la fourmilière.
Calcul politique très habile et réussi, du grand art politique qu’on rencontre dans les grands milieux élevés et spécialisés. Ceux qui se sont précipités pour l’attaquer maladroitement, les BOUKOUBI Faustin et ses acolytes, les élèves, collégiens, lycéens et autres apprentis de la Présidence de la République, des prétendus députés anonymes et corrompus, connus et reconnus pour leurs votes sans débat à l’Assemblée Nationale, sont tombés comme un troupeau de hérissons dans le piège tendu par le Stratège de Bikélé.
Où étaient les députés prétendus soutiens d’Ali BONGO ONDIMBA à l’Assemblée Nationale ? Pourquoi au lieu de rester muets comme des carpes de l’Ogooué, de fuir comme des porcs-épics de la forêt des abeilles, d’aller murmurer sous cape anonymement comme des poltrons et hypocrites que sont plusieurs d’entre eux, pourquoi n’ont-ils pas contredit Paul BIYOGHE MBA séance tenante dans l’hémicycle.
Même s’il est vrai que Faustin BOUKOUBI qui présidait les travaux, confondant du reste allègrement ses statuts et rôle (amateurisme, incompétence, malhonnêteté intellectuelle… quand ils vous tiennent), n’a pas donné la parole aux autres Députés, qui ne l’ont pas demandée non plus.
Il s’est contenté de donner quelques indications peu convaincantes sur les mobiles du Livre et s’est surtout défendu de la composition du Bureau et de l’origine de ses Membres. Il est ainsi apparu, à la surprise générale, de manière claire, comme l’un des véritables artisans de la composition honteuse, inique, monstrueuse du Bureau actuel de l’Assemblée Nationale, surtout en ce qui concerne le PDG et la Majorité.
Tous les Députés de la 13ème Législature, l’Administration, les observateurs et analystes politiques savent désormais que BOUKOUBI Faustin a joué un rôle décisif dans la structuration déséquilibrée et inéquitable du Bureau de l’Assemblée Nationale, vraisemblablement pour mieux le contrôler, mieux contrôler l’Institution. Il n’y a pas de vérité que le temps ne révèle.
Sous d’autres cieux, une telle attitude aurait eu des conséquences graves. Le Président du Parti était par ailleurs absent du Pays à cette période pour les raisons que tout le monde sait.
En définitive, deux aspects apparaissent désormais :
– Soit les Députés de la Majorité n’ont pas répondu à Paul BIYOGHE MBA parce que, étant des députés aux ordres, ils n’ont pas reçu l’ordre de le faire quoique ampliataires du document conçu par BIYOGHE MBA.
– Soit qu’ils partageaient la même analyse et étaient en réalité d’accord avec lui. De ce qui revient de plus en plus, cette seconde hypothèse est apparemment la plus fondée.
Dès lors, si la majorité des Députés est plutôt d’accord avec Paul BIYOGHE MBA, sur qui compte Ali BONGO ONDIMBA à l’Assemblée Nationale ?
Par Tanguy Otounga