Gabon. Réouverture des concours de la Fonction publique : la charrue avant les bœufs ?
Gelés depuis 2018, les concours d’entrée dans les administrations publiques devraient reprendre, mesure sincère ou à but électoraliste ? L’annonces faite ce 12 juillet fait déjà débat dans l’opinion.
Lors des travaux du récent Conseil des ministres, Madeleine Berre, ministre de la Fonction publique a présenté la communication relative à la réouverture des concours au sein de son département ministériel.
« Cette perspective, qui vise à répondre aux sollicitations de certaines administrations sur les emplois et effectifs à renforcer, est rendue possible du fait d’une meilleure maitrise des besoins en termes de plan de recrutement ainsi que de l’évaluation et de la programmation budgétaire » explique-t-on dans le communiqué final parvenu à la rédaction de Sud Télégramme.
Madeleine Berre n’a pas manqué de faire à ses collègues du gouvernement le point sur l’état d’avancement du processus d’arrimage des pensions au nouveau système de rémunération.
Seulement, cette fierté gouvernementale contraste fortement avec la réalité sur le terrain. Récemment encore, les retraités mécontents, ont pris d’assaut la primature ; plusieurs promotions sorties des grandes écoles font des sit-in à la Fonction publique pour revendiquer la prise en compte de leurs cas ; plusieurs agents diplômés en statut de MONP (Main-d’œuvre non permanente) attendent toujours d’être basculés.
Ce constat emmène beaucoup à penser que cette énième mesure n’est que « de la pure com » tant les effets, trois ans plus tard, sont quasi imperceptibles. Et ce, malgré de milliers d’actes d’intégration annoncés dans la presse.
D’autres encore, plus durs, pensent qu’il s’agit « ni plus ni moins que de la poudre de perlimpinpin ». Pour ceux-là, les annonces du ministre Berre ne sont vérifiables nulle part, « même pas dans les secteurs dits prioritaires, excepté l’armée » pestent-ils.
C’est le cas notamment du secteur de l’éducation où plusieurs personnels attestent ne rien voir. Un enseignant en poste au lycée de Koulamoutou assure être toujours en présalaire après dix ans de service, alors que la tutelle annonçait avoir régularisé plus de 3 000 situations administratives.
« J’ai signé la fiche bleue depuis 2 ans, pourtant je suis toujours assis à la maison, en attente de ma première affectation » a témoigné Ronald Ndong E. « J’ai beau relancer ma hiérarchie, rien n’a bougé. Et nous sommes nombreux dans cette situation…pour nous, ces articles dans la presse sont mensongers » a-t-il conclu.
Certains, plus modérés, y croient mais estiment que Madeleine Berre met la charrue avant les bœufs. Marc Bikita pense que « la réouverture des concours de la Fonction publique, devrait intervenir après la régularisation des situations administratives en souffrance ».
« Cette mesure vise assurément à susciter d’autres qui viendront grossir les rangs des grévistes et autres chômeurs » a commenté Orlan Christère sur Facebook.
