Gabon. Nouvelles dispositions du CGE : le même bulletin pour le vote du président et des députés

Des nouvelles dispositions qui vont sans doute faire date. Réuni en assemblée plénière hier lundi 31 juillet, le Centre Gabonais des Élections (CGE), a arrêté de nouvelles dispositions pour le déroulement de la campagne politique avenir.

Conformément à l’article 68 de la loi n° 07/96 du 12 mars 1996 portant dispositions communes à toutes les élections politiques, l’entité en charge de l’organisation des scrutins politiques a modifié les modalités des bulletins de vote pour les élections générales du 26 août 2023.
Après avoir examiné plusieurs options possibles qui se présentaient, le Centre Gabonais des Elections a arrêté le principe d’un bulletin unique combinant l’élection du président de la République et celle des députés à l’Assemblée Nationale.
Cette trouvaille inédite, s’explique selon Stéphane Bonda, président de l’institution, du fait que les présidentielles et les législatives relèvent toutes les deux d’un scrutin uninominal, contrairement aux locales et aux départementales qui relèvent quant à elles d’un scrutin de liste.
M. Bonda en est convaincu, « la modalité d’adopter un bulletin unique pour les deux types d’élection aux scrutins uninominaux et par parti politique (…) le 26 aout 2023, pour inhabituelle qu’elle puisse paraitre, va s’établir comme une réelle opportunité pour les électeurs au travers de l’acquisition d’un nouvel outil de facilitation du système électoral » a-t-il argumenté.
C’est pour lui une « modélisation s’impose comme la meilleure option qui va prévenir alors toutes les lacunes et aspérités susceptibles de contrarier la bonne administration des élections générales 2023 ».
Déjà pas très clairs dans les esprits, ce nouveau modus operandi se trouble davantage quand on aborde le cas des candidats indépendants. Ceux-là vont, eux aussi, disposer de bulletins propre à eux pour, dit-on, garantir leur expression. « Un tournant historique dans la simplification du processus de votation dans notre pays » se gargarise le CGE.
Tournant historique en ce que ces nouvelles dispositions vont permettre, contrairement à l’organisation des élections couplées de 2018 : la facilitation du vote pour l’électorat ; la réduction du temps de passage dans les bureaux de vote, « des lors que le tri habituel entre plusieurs bulletins est minimisé ». C’est en tout cas ce qu’on escompte du côté du CGE.
Elles devraient également permettre « la prévention des tensions politiques et sociales électorales et post-électorales générées par le climat de suspicion habituel » ; la réduction des contraintes budgétaires et des coûts élevés de la démocratie multipartiste ; la facilitation des actes des scrutateurs électoraux, notamment lors du dépouillement qui permet en l’occurrence de décompter en même temps les résultats des candidats à l’élection du président de la République, des députés à l’Assemblée nationale et des membres des Conseils départementaux et des Conseils municipaux.
Mais surtout, elles sont censées faciliter la compilation des résultats et l’annonce de ceux-ci ; garantir la légitimité des institutions à travers l’harmonie mécanique qui en résulterait, entre le Président de la République, qui serait élu sur la base de son projet politique, et les Députés à l’Assemblée Nationale qui lui offriraient conséquemment les moyens constitutionnels de le mettre en œuvre, sans délai.
Toutefois, le processus de dépouillement après le vote reste inchangé avec cependant une petite nouveauté : l’adjonction de deux autres tableaux pour l’affichage des résultats. Soit, un pour l’élection du président de la République, un pour celle des députés et le denier pour celles de membres des Conseils municipaux et départementaux.
En ce qui concerne les procès-verbaux, la CGE a prévu d’établir autant d’exemplaires que de candidats en lice, une autre innovation qui pourrait poser le problème de la fiabilité des données, mêmes si la rédaction, elle, se fera suivant le rituel habituel.
Cette sortie du régulateur des élections politiques, moins d’un mois des échéances, va assurément susciter une vive réaction de l’opposition qui n’avait de cesse d’appeler au report du scrutin jugé à risque au regard des nombreuses zones d’ombres l’entourant.