Gabon. Les syndicats des eaux et forêts alertent sur une tentative de « détournement de fonds maquillés »

En grève générale illimitée depuis plus d’un an déjà, les syndicats du ministère des Eaux, des Forêts, de la Mer, l’Environnement, chargé du Plan climat et du Plan d’affectation des Terres tirent, la sonnette d’alarme face aux manœuvres mafieuses qui ont désormais cours dans ce département ministériel.
Déjà le 26 juillet dernier, au cours d’une conférence de presse, le Syndicat National des Professionnels des Eaux et Forêts (Synapef), dévoilait, documents à l’appui, une gabegie « galopante » au sein de leur administration. Il affirmait entre autre avoir mis à nu un système de détournements des fonds réservés au paiement de la prime des agents. Un système qui était, selon lui, orchestré par le cabinet du ministre Lee White.
Alors que la question de ces soupçons de détournements reste pour l’heure non élucidés, les syndicats, dans une énième sortie médiatique ce lundi 20 septembre, alertent l’opinion sur ce que le Ministre Lee WHITE manœuvrerait depuis plusieurs jours pour obtenir le décaissement des fonds logés dans le compte spécial géré par l’Agence comptable de l’Ecole Nationale des Eaux et Forêts.
Le 03 septembre dernier, le cabinet du ministre élaborait et faisait signer l’arrêté n° 043/MEFMEPCPAT/CAB-M réaffectant les recettes et contributions vers l’Agence d’Exécution des Activités de la Filière Forêt-Bois. L’arrêté querellé intègre les fonds destinés à la prime sectorielle précédemment logés à l’agence comptable de l’ENEF, l’école des eaux et forêts. Un tour de passe-passe du Pr Lee White que les syndicats n’ont pas vu venir.
C’est donc « par devoir de vérité », disent-ils, qu’ils se sont convenus de porter toutes ces irrégularités réglementaires et procédurales à la lumière. Aussi, craignent-ils que les « énormités » contenues dans cet arrêté, « porte les germes d’une nouvelle tentative de détournements de fonds publics maquillés ».
D’autant plus que le Ministère chargé des Eaux et Forêts bénéficie d’un budget régalien de 29.603.015.960 de FCFA pour cette année, soit 14.016.691.234 de FCFA pour le fonctionnement et 15.586.324.726 de FCFA pour l’investissement. Pourtant, le ministre Lee James White veut coûte que coûte utiliser des fonds réservés au paiement de la prime des agents pour l’achat de nouveaux équipements et la construction de nouveaux bâtiments administratifs.
Ceci a emmené le Synapef à s’interroger légitimement sur le pourquoi de cette obstination alors que ce département dispose déjà d’une enveloppe de plus de 15 milliards pour l’investissement.
Mues par l’intérêt exclusif d’un retour prompt à la sérénité au sein de leur ministère, le partenariat social étant un facteur essentiel à la prévention des conflits en milieu professionnel, les syndicats des eaux et forêts ont choisi de soumettre à l’attention du Président Ali Bongo et du Premier Ministre Rose Christiane Ossouka, quatre propositions qui, ils l’espèrent, ramèneront l’accalmie.
Ils sollicitent notamment la poursuite « sans délai » des travaux de la commission bipartite de réhabilitation de la prime sectorielle avec notamment pour missions urgentes, de réviser l’arrêté 043 susmentionné, finaliser le nettoyage du fichier et élaborer la grille de paiement ; la tenue des travaux du nouveau Comité de gestion mis en place avec la participation exceptionnelle d’un représentant de la Cour des Comptes et de l’Autorité Nationale de Vérification et d’Audit (ANVA).
Ils réclament dans le même temps le paiement de la prime sectorielle réhabilitée sur la base d’un fichier assaini et authentifié d’accord parties et la définition d’un échéancier de paiement de la dette portant sur la période privative 2014-2020, dans la suite du rapport y relatif déposé sur la table du Ministre de Tutelle depuis le 06 avril 2021. Il faut rappeler que la prime sectorielle aux eaux et forêts a été supprimée depuis 2014.