Gabon : le Synapef porte plainte au DG forêts et requiert sa suspension de fonction

C’est un cas inédit dans l’administration des Eaux et Forêts au Gabon. Le syndicat national des professionnels des Eaux et Forêts (Synapef) a récemment introduit « auprès des services compétents », une plainte contre le Directeur général des forêts, assortie d’une réquisition de suspension de fonction auprès du Premier ministre.
« Dans l’intérêt de la gestion de l’administration sectorielle selon les principes de bonne gouvernance, le Syndicat National des Professionnels des Eaux et Forêts (SYNAPEF) informe l’ensemble des personnels, les usagers et opérateurs de la filière bois ainsi que l’opinion publique, qu’une plainte a été introduite ce jour auprès des services compétents, contre le Directeur Général des Forêts » peut-on lire dans un communiqué parvenu à notre rédaction.
Quel est le problème ? Il est reproché plusieurs faits d’arme au dégé forêts. Il est accusé notamment d’avoir attribué, cédé ou transféré 198 PFA (Permis Forestiers Associés) pour une superficie totale de plus de 3 millions d’hectares à quarante-deux sociétés à capitaux étrangers. Ce, « en violation de l’article 96 du Code forestier et de l’article 14 de l’ordonnance modificative n° 11 du 25 juillet 2008, qui en réservent le droit exclusif aux nationaux ».
Les syndicalistes l’accusent également de complicité d’exploitation illégale avec plusieurs sociétés (23 environ) dont les activités seraient en totale violation du Code forestier ; de « complicité de détournements de fonds publics, en rapport à la concession à trois (3) opérateurs, d’amendes transactionnelles en nature à hauteur de 450 millions de FCFA et au non versement de 500 millions de FCFA dans les caisses du Trésor public ».
Le protégé de Lee White est aussi accusé de « faux et concussion » ; d’usurpation de titre, usage « illégal et outrancier » de la qualité d’officier de police judiciaire spécialisé des eaux et forêts et de tentative d’intimidations. En effet s’agissant de ce dernier grief, le 30 mars dernier, Ghislain Moussavou avait adressé une citation directe au Secrétaire général adjoint du Synapef. Il accusait le syndicaliste d’avoir tenu en son encontre des propos diffamatoires lors d’une intervention médiatique. Seulement voilà, la date arrivée, le plaignant ne s’était pas pointé au tribunal, ni lui ni même ses avocats.
Forts de ce qui précède, les syndicalistes en sont convaincus : cette action engagée contre le DG forêts revêt une « forte connotation sociale », notamment parce qu’elle permettrait de mettre un terme au « préjudice indéniable porté par la spoliation massive du patrimoine forestier national, au détriment du peuple et de l’Etat gabonais ».
« Dans ces conditions, le SYNAPEF requiert du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, la suspension de fonction du Directeur Général des Forêts, afin que ce dernier réponde librement de ses actes auprès des services compétents, avec la garantie des droits rattachés à tout justiciable » ont-ils conclu.