Gabon.  »Le PGCI soutiendra Ali Bongo s’il est candidat » dixit Carlos Okinda

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Carlos Okinda (à gauche) réaffirme l’engagement de son parti aux côtés d’Ali Bongo. ©DR

Sud Télégramme le 16/06/2022 – À quelques jours du trentième anniversaire du Parti Gabonais du Centre Indépendant (PGCI), Carlos Okinda, Secrétaire général de cette formation politique s’est confié dans une interview exclusive accordée à Sud Télégramme, sur le positionnement de son parti lors des prochaines échéances électorales et le sentiment qu’il se fait de sa nouvelle nomination au Haut Commissariat de la République.

Propos recueillis par Gaël Ossougho

Le Parti Gabonais du Centre Indépendant ( PGCI) est à ce jour l’un des rares partis de ressortissants altogovéens à jamais avoir présenté de candidat à la présidentielle. Comment se porte-il aujourd’hui ?

 »Le PGCI est un parti de la majorité républicaine et sociale pour l’émergence »

Je voudrais tout d’abord remercier la rédaction de Sud Télégramme qui me donne ici l’opportunité d’exprimer la position du Parti Gabonais du Centre Indépendant.

En fait, c’est un heureux hasard puisque c’est un 23 juin 1992 que le PGCI est devenu un parti légalement reconnu en obtenant son récépissé de déclaration définitif. Le parti aura 30 ans le 23 juin prochain. C’est donc un jeune adulte qui a acquis de l’expérience au fil des années.

Vous me ramenez loin dans l’histoire, car en effet, en 1993, le PGCI avait présenté un candidat à la présidentielle. Mais il faut dire que depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts.

Aujourd’hui nous sommes un parti de la Majorité Républicaine et Social pour l’Emergence et nous accompagnons le Président de la République et le Parti Démocratique Gabonais depuis plusieurs années déjà.

Ceci dit, pour en venir à votre question, je ne peux pas dire que notre parti se porte mal. Nous avons aujourd’hui près d’une trentaine d’élus locaux répartis sur quatre provinces à savoir : le Haut-Ogooué, la Ngounie, la Nyanga, l’Ogooué Ivindo. Nous nous sommes imposés au fil des années et des batailles électorales  comme la deuxième force politique à Okondja (Département de la Sébé-brikolo) et nous sommes présents dans des grandes localites comme Tchibanga, capitale provinciale de la Nyanga. Voyez-vous, le Gabon a 76 partis [politiques ndlr] reconnus, et je ne pense pas qu’il y ait beaucoup au niveau national qui affichent un tel bilan.

Lors du dernier découpage électoral, la Sébé-Brikolo a été érigée en siège unique. D’aucuns disent qu’une entente non écrite existerait entre le Parti Démocratique Gabonais ( PDG) et votre formation politique sous-entendant que le siège de député serait pour le PDG et celui du sénat au parti centriste avec le soutien du parti de masse.

Qu’en est-il dans le fond ?

 »Les ententes non écrites ne résistent pas au temps »

C’est ici la preuve que les ententes non écrites ne résistent pas au temps (rire). Ce qui était valable il y a 15 ou 10 ans ne l’est plus forcément aujourd’hui, les gens changent.

Cette entente dont vous faite allusion a semble-t-il existé du temps du président El Hadj Omar Bongo Ondimba et de mon défunt papa, Monseigneur Jérôme Okinda, le fondateur du Parti. Je n’ai jamais assisté à une quelconque réunion de cette soi-disant entente, mais effectivement, j’ai entendu dire qu’il y aurait une sorte d’arrangement qui voulait que le Parti Gabonais du Centre Indépendant acquiert au niveau d’Okondja le poste de sénateur, tandis que le PDG devait disposer du siège de député et celui de deuxième sénateur (à l’époque il y avait deux sénateurs, un pour le département et l’autre pour la commune).

Lors des échéances électorales antérieures, le Président Ali Bongo Ondimba avait consenti a reconduire cette accord tacite au niveau de la commune d’Okondja. Et ce, quand bien même le PGCI n’avait pas obtenu suffisamment d’élus locaux pour pouvoir faire élire un sénateur.

Le sénateur, comme vous le savez, étant élu par les élus locaux, il était pratiquement impossible pour le PGCI d’accéder à ce poste sans un arrangement, même tacite, avec le PDG. C’est certainement dans cet esprit que le Président Ali Bongo Ondimba a accepté de me nommer au poste de sénateur à Okondja. Mais, aux des dernières élections, n’ayant obtenu que 11 élus locaux, nous avons vu le poste nous échapper au profit du PDG.

Aujourd’hui, vous avez été nommé par le Chef de l’État au Haut-commissariat de la République. De nombreux Gabonais voient cette nomination comme un lot de consolation après votre échec aux sénatoriale. Que répondez-vous?

 »Mes états de service ont motivé cette énième confiance du Chef de l’État placée en moi »

Est-ce que ma nomination au Haut Commissariat de la République est un lot de consolation ? Je ne dirais pas cela ainsi. Il faut déjà savoir que je suis un fonctionnaire de la République qui a été nommé à plusieurs reprises,  et exercé de hautes fonctions dans l’administration centrale. J’ai notamment été Secrétaire général adjoint du ministère des Travaux Publics ; j’ai été directeur général de l’artisanat au ministère du Commerce ; j’ai également été commissaire au ministère du Commerce. Voyez-vous, je ne nie pas le fait que cette hypothèse soit possible, mais je pense que ce sont surtout mes états de service qui ont motivé cette énième confiance du Chef de l’État placée en moi. Et c’est un honneur pour le PGCI et pour la majorité républicaine.

Comment sont vos rapports avec vos collègues, les autres hauts commissaires ? Et que pensez-vous de la récente sortie de Monsieur Jean Eyeghe Ndong qui a déclaré son soutien à Ali Bongo ?

 »Jean Eyeghe Ndong est un homme politique de grande envergure »

Les rapports avec mes collègues du Haut Commissariat de la République sont excellents. En réalité on a tous le même bord, le Gabon. Nous travaillons tous pour le Gabon. Nous sommes tous collaborateurs du président de la République pour l’aider dans les différentes politiques qu’il met en place.

Vous savez, le premier ministre Jean Eyeghe Ndong est un homme responsable, un homme politique de grande envergure. Donc s’il a accepté de se mettre à la disposition de la République, selon ses propres termes, je pense que c’est en son âme et conscience qu’il a fait ce choix. C’est sûrement qu’il est soucieux d’apporter un plus au Gabon d’abord et ensuite au président qui l’a nommé.

Quelle lecture fait le PGCI du climat socio-économique actuel ? Que pensez-vous notamment de l’augmentation des prix des produits de première nécessité ?

 »Les opérateurs économiques s’emploient à contourner le dispositif et pratiquer d’autres prix »

Tout ceci est une conséquence indirect de la crise sanitaire liée au covid-19 que nous avons vécu depuis 2020. On ne le réalise peut-être pas encore, mais cette crise aura des répercussions sur notre économie pendant de nombreuses années encore. Et cette guerre en Ukraine engendre une nouvelle crise mais cette fois alimentaire. Étant donné que l’Ukraine fourni une bonne partie du blé dans le monde, cette guerre à fortement perturbé la production de cette céréale, ce qui entraîné une augmentation du prix de la farine à base de blé.

Au Gabon, l’on aurait assisté à une envolée du prix du carburant par exemple entraînant une augmentation des prix des transports qui à son tour entraînerait une augmentation de toutes marchandises importées.

Alors dans le soucis de préserver le pouvoir d’achat des Gabonaises et des Gabonais, le Chef de l’État avait en avril dernier, instruit Mme le Premier ministre de tout faire pour maintenir des prix stables et faire en sorte que le panier de la ménagère ne soit pas trop impacté par les effets de ces différentes crises.

Malheureusement comme on peut l’observer, les opérateurs économiques très souvent s’emploient à contourner le dispositif et pratiquer d’autres prix au quartier. Je pense que c’est surtout à ce niveau que le gouvernement devrait accentuer les contrôles.

Quelles sont les perspectives du PGCI ?

 »Si le Président Ali accepte d’être le candidat de la majorité, le PGCI le soutiendra »

Écoutez, en 2023 nous aurons des élections générales. Nous en tant que parti de la majorité, il va sans dire le candidat de la majorité sera de facto le nôtre. Et j’espère vivement que le Président Ali Bongo acceptera d’être ce candidat là. Et si c’est le cas, le PGCI le soutiendra.

En dehors de la présidentielle, nous avons les élections législatives et locales. Comme tout parti reconnu, le PGCI présentera des candidats. Depuis sa création, le PGCI a toujours répondu à l’appel du peuple et pour les échéances avenir, nous n’allons pas déroger à la règle.

Monsieur Carlos Okinda merci

Gael Mbadouma

Gael Mbadouma

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