Gabon. Interpellations tout azimut : radicalisation ou vacillement du pouvoir ?

Libreville le 13/12/2021 (ST)- Hier dimanche, alors qu’il était à la tête de sa traditionnelle procession religieuse, le pasteur Georges Bruno Ngoussi, leader de l’église internationale Nazareth et proche de Jean Ping, a été interpellé par la police au motif que cette marche n’aurait pas été autorisée. Pourtant, tout observateur avertit comprendra que les vraies raisons de ce sournois camouflet seraient ailleurs.

La procession, qui se tient chaque année à la même date depuis 2014, était parti du siège de l’église au rond point de la cité des ailes et se dirigeait vers le carrefour Gigi (environ 2km) où elle a été dispersée, le leader ayant été interpellé par le commissariat d’Okala (au nord de Libreville).
Il est reproché au leader religieux de ne pas avoir au préalable, conformément à la loi, sollicité une autorisation auprès des autorités compétentes. « c’était donc une marche illégale » d’après une source policière.
«Faux !» rétorquent les proches de l’homme d’église. « Nous avons bel et bien adressé des courriers aux autorités administratives » a laissé entendre un des responsables ecclésiastiques. « Nous avons même sollicité un encadrement policier, vous pensez que nous l’aurions fait si nous voulions organiser une marche illégale ? » a-t-il argué.
Au-delà de ces versions des faits diamétralement opposées dont il peut paraître, à première vue, difficile de démêler le vrai du faux, c’est toute l’agitation des sbires du pouvoir de Libreville qu’il faut désormais interroger.

En effet, depuis quelques temps les interpellations, voire même rapts, d’activistes deviennent de plus en plus récurrentes dans ce pays qui demeure à ce jour le seul d’Afrique à connaître un couvre-feu pour cause de covid.
La grogne dans cesse croissante d’une population asphyxiée par près de deux ans de restrictions, est systématiquement matée par la force policière. Toute chose qui est symptomatique d’un pouvoir aux abois selon Georges Mpaga un acteur de la société civile proche de l’opposition.
Comme lui, bon nombre d’acteurs de la vie socio-politique gabonaise pensent que le déroutant réaménagement du calendrier scolaire en est la signature. « le gouvernement redoutant la désobéissance civile du 15 décembre, veut anticiper comme pour tuer ce mouvement dans l’œuf » analyse un politologue qui a requis l’anonymat.
Cette même source relève également la présence non moins fortuite de députés français à Libreville la semaine écoulée. Ces parlementaires et leurs compatriotes militaires basés au Gabon avaient été édifiés sur les techniques de combat en forêts gabonaise. « Mais quel intérêt pour des soldats Français de savoir comment combattre dans les forêts gabonaises ?» s’interroge l’intellectuel. « Je ne pense pas que c’était juste une balade de santé » a-t-il conclu.
La peur aurait-t-elle changé de camp ? Les tenants d’un système au manette depuis les indépendances envisagent-ils désormais le scénario d’un soulèvement populaire ? Quoi qu’il en soit, le gouvernement a d’ores et déjà confirmer son intention de durcir les restrictions sanitaires le 15 décembre prochain, même si une conférence de presse prévu ce jour à 15h laisse soupçonner un adoucissement de celles-ci.