Comprendre la Guerre en Ukraine : la diabolique escalade du mensonge

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Zelensky (gauche), par l’art de la propagande, il entraîne l’Ukraine à la ruine. ©DR

Par Vladimir Tchetchine-Politologue

Sud Télégramme le 22/06/2022 – Parallèlement à la poursuite du conflit militaire dans l’est de l’Ukraine, la guerre médiatique continue de battre son plein et ceux qui en sont à l’origine – ainsi que leurs relais, conscients ou inconscients – donnent de plus en plus dans la démesure.

L’indéniable responsabilité de Kiev dans le conflit

Si la Russie est clairement l’agresseur dans ce conflit, ceux qui l’ont poussé à cette attaque sont sans conteste les États-Unis, l’OTAN et le gouvernement Zelensky. Il est essentiel de ne jamais l’oublier.

Si les dirigeant américains n’avaient pas renié les promesses faites à Moscou, si l’OTAN ne s’était pas élargie sans cesse, si la France et l’Allemagne avaient été capables d’imposer à Kiev le respect des accords de Minsk et si Zelensky et sa clique n’avaient pas écoutés les conseils funestes de leurs mentors américains, nous n’en serions pas là.

S’il n’est pas question d’excuser la Russie, lui faire porter à elle seule la responsabilité de ce conflit est une présentation fausse de la réalité, si ce n’est une désinformation délibérée.

Depuis 2014, Kiev a conduit une politique totalement condamnable l’égard des populations russophones du Donbass, auxquelles il a interdit l’usage de leur langue et refusé toute autonomie au sein de l’Ukraine, multipliant à leur encontre brimades, embargos et bombardements sans que personne en Europe ne dénonce cette situation scandaleuse, au prétexte que cela aurait été dans le sens des arguments de la Russie.

De même, les Occidentaux ont laissé Zelensky et les oligarques qui le sponsorisent – notamment Kolomoïski – financer les groupes néonazis et renforcer son armée afin de reprendre par la force les régions autonomistes, rejetant toute démarche de conciliation. Pire, le 17 février dernier, Kiev s’est délibérément lancé dans une action militaire afin de reconquérir les républiques de Donetsk et de Lougansk avec le soutien de l’OTAN, sachant pertinemment que Moscou ne pourrait rester sans réagir, déclenchant dès lors la crise actuelle.

S’il convient de reconnaître que le discours russe est excessif concernant la dénazification de l’Ukraine, il n’est cependant pas sans fondement. Individus et unités aux valeurs extrémistes – « bataillons » Azov et Aïdar, partis Svoboda et Pravy Sektor, etc. – sont une réalité que l’Occident cherche à minimiser dans le cadre de son soutien à Kiev, en dépit du fait que leurs exactions depuis 2014 sont avérées.

Les Européens sont donc devenus sans honte les alliés et les donateurs d’un régime protégeant et finançant des groupes néonazis alors que nous luttons dans chacun de nos pays contre l’extrême-droite. Car ces extrémistes ukrainiens ce ne sont pas d’inoffensifs nationalistes comme on voudrait nous le faire croire. Leur discours est clairement antisémite et leurs combattants arborent sur leur uniforme l’insigne de la tristement célèbre division Das Reich, composée en majorité d’Ukrainiens, responsable des massacres d’Oradour sur Glane en 1944.

Relevons au passage le paradoxe le plus éclatant : le soutien de l’Allemagne – notamment de sa très militante ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock du parti Les Verts – au régime Zelensky alors même que celui-ci intègre jusqu’au plus haut niveau de son armée des partisans d’une idéologie née outre-Rhin et que l’on croyait éradiquée depuis 1945. Mais nous ne sommes plus à une contradiction près…

Rappelons surtout que l’Ukraine a soutenu politiquement et par ses ventes d’armes le régime totalitaire et génocidaire d’Azerbaïdjan dans son opération militaire contre les Arméniens du Haut-Karabakh en 2020, lesquels réclamaient leur indépendance après des décennies de persécutions. Kiev a même fêté la victoire de Bakou en pavoisant ses villes aux couleurs de l’Azerbaïdjan alors même que ce pays a recouru à des milliers de djihadistes syriens au cours de ce conflit, lesquels ont commis de nombreuses atrocités sur les militaires et civils Arméniens.

Ainsi, nous avons inconsidérément pris fait et cause pour un régime douteux, fort peu démocratique et violant sans vergogne le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Sous les injonctions de Zelensky, l’Europe s’est ainsi trouvée entraînée dans un conflit dont nous continuons à affirmer qu’il ne devait pas nous concerner compte-tenu de la part de responsabilité du gouvernement de Kiev qui a sciemment joué avec le feu…

Une communication particulièrement exaspérante

Le 3 mars, le président ukrainien déclarait que si son pays était vaincu, « la Russie ira jusqu’au mur de Berlin ». Il ne cessait par ailleurs de harceler Berlin avec ses demandes répétées de couper le gaz russe, exaspérant les dirigeants allemands.

13 mars, la Rada, le Parlement ukrainien postait sur son compte Twitter une vidéo-montage d’une quarantaine de secondes où Paris était victime d’un bombardement dans lequel la Tour Eiffel était notamment prise comme cible et des avions russes survolaient la capitale française en semant la terreur parmi la population. Le clip se terminait par une annonce de Zelensky déclarant « Si nous tombons, vous tombez aussi ».

Le 14 mars, le président ukrainien déclarait que ce n’était qu’une question de temps avant que la Russie n’attaque l’OTAN. Dans une allocution vidéo, il avertissait les membres de l’Alliance atlantique que Moscou était susceptible d’envahir leur territoire à tout moment, les exhortant à instaurer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine. « Si vous ne fermez pas notre ciel, ce n’est qu’une question de temps avant que des missiles russes ne tombent sur votre territoire » affirmait-t-il sans rougir.

Depuis le début du conflit, la stratégie de Kiev, avec le soutien et les conseils des États-Unis a été de faire culpabiliser l’Union européenne et de chercher à l’impliquer davantage dans cette guerre, la plaçant aujourd’hui en situation de cobelligérance. L’argument principal de Zelensky est de faire croire que l’agression russe « n’est pas une guerre en Ukraine mais une guerre en Europe » et que l’Ukraine est le « bouclier de l’Europe » face à la Russie. Les Européens, dénués de toute vision objective, soutiennent ainsi, consciemment ou non, une stratégie américaine dont les effets sont pour eux particulièrement négatifs, politiquement et économiquement.

Le président ukrainien, comédien de talent dirigé par des scénaristes jamais à court d’idées, persiste à s’habiller en costume militaire et à arborer une barbe de plusieurs jours – alors que Kiev n’est plus en danger comme en témoignent les nombreux visiteurs de haut niveau qui s’y rendent en toute sûreté – et s’attache par tous les moyens à imposer son point de vue à l’Occident et à dénoncer ceux qui n’y adhèrent pas.

Les communicants de Kiev et de Washington sont ainsi parvenus à installer dans l’opinion l’idée que tout ce que dit Zelensky est vrai, et que les déclarations de Poutine et de Lavrov sont nécessairement mensongères. C’est là une vision manichéenne et fausse des choses qu’il importe de remettre en cause.

En conséquence, depuis trois mois toute analyse objective de ce conflit est devenue impossible. Le simple fait de proposer une lecture différente des événements de celle que Kiev et Washington cherchent à imposer au monde occidental, d’avoir une appréciation lucide sur ce triste conflit – ce qui conduit inévitablement à un constat qui n’est pas du tout en faveur de l’Ukraine sur le plan militaire – est insupportable pour Zelensky, ses sponsors et ses séides, qui accusent systématiquement ceux qui osent formuler un avis indépendant, ou ne reprennent pas aveuglement et intégralement leur Story Telling, d’être des relais de la propagande russe2.

Heureusement, de plus en plus d’experts, en Europe mais aussi aux États-Unis, se dressent contre cette version des faits en dépit de l’omerta médiatique qui règne, et expriment l’exaspération croissante que suscite Zelensky par ses discours à tout-va jouant sur une émotion grossière, ses critiques régulières des Européens, ses oukases et ses appels à l’aide alors même qu’il interdit à ses troupes de se replier face à l’armée russe.

Une obstination inconsidérée

De même, la politique jusqu’au-boutiste dont Kiev fait preuve – dont tout montre qu’elle est décidée à Washington avec le soutien des très pro-américains États baltes et surtout de la Pologne qui y trouve des avantages et rêve de récupérer une partie de l’Ukraine.

La souffrance du peuple ukrainien

Critiquer Zelensky et ses sponsors n’est pas ignorer les souffrances des populations civiles et des militaires ukrainiens car ce sont eux qui paient, chaque jour, le prix de l’obstination de leurs dirigeants. Il convient toutefois de rappeler que la quasi-totalité des combats se déroule dans des zones à majorité ou à forte population russophone et non dans l’ouest de l’Ukraine, dont les habitants ont pourtant fui massivement vers les pays voisins.

S’il est légitime que les Ukrainiens prennent les armes face à l’attaque russe et que les militaires se battent pour défendre leur patrie, cela l’était et le demeure tout autant pour les populations du Donbass face à l’agression intolérable de Kiev et de ses unités néonazies depuis 2014.

Que Zelensky soit devenu un symbole politique pour une partie du peuple ukrainien est compréhensible. Mais ne perdons jamais de vue qu’il n’est qu’un acteur et le porte-parole de quelques oligarques et des Américains, et que la guerre de communication qu’il anime ne saurait dissimuler ses responsabilités, ni la déroute croissante de l’armée ukrainienne.

La Rédaction

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