Chine-Gabon : des relations cinquantenaires davantage renforcées

La longévité de leur amitié (près d’un demi siècle), leur convergence de vue sur des questions d’ordre international et surtout leur destin mutuellement partagé ont suscité chez nombre d’observateurs une admiration certaine pour les relations sino-gabonaises.
CGTN à récemment publié dans ses colonnes l’opinion d’un expert kényan sur ces relations que l’auteur qualifie de « symbiotique » à en juger notamment par le taux élevé des échanges entre les deux pays. Nous vous livrons in extenso cet article riche de détails.
AUTRE PRESSE – La visite du président gabonais Ali Bongo Ondimba en Chine a ouvert un nouveau chapitre dans les relations solides entre les deux pays. Fait intéressant, le président Bongo est le premier chef d’État africain à rencontrer le président Xi Jinping après la réélection à l’unanimité de ce dernier lors de l’Assemblée populaire nationale en mars dernier.
Les deux pays entretiennent une relation symbiotique, le Gabon étant l’un des partenaires stratégiques en Afrique de l’Ouest et du Centre. Le Gabon faisait partie de l’itinéraire du nouveau ministre des Affaires étrangères Qin Gang lors de sa visite de huit jours en Afrique en janvier de cette année. Qin s’est également rendu en Éthiopie, en Angola, au Bénin et en Égypte, conformément à la tradition vieille de 33 ans selon laquelle les ministres chinois des Affaires étrangères effectuent leur premier voyage à l’étranger en Afrique au début de chaque année.

La Chine et le Gabon entretiennent des liens solides depuis l’établissement des relations diplomatiques le 20 avril 1974. Au cours de cette période, les dirigeants des deux parties ont renforcé les liens des deux pays dans plusieurs domaines et se sont mutuellement soutenus sur des questions affectant des intérêts mutuels et des préoccupations majeures.
Grâce à ses réserves pétrolières et minérales, le Gabon est l’un des pays les plus riches d’Afrique. Selon les dernières données des Nations Unies, le pays compte 2,4 millions d’habitants. Avec une si petite population et une masse terrestre relativement petite, le Gabon dispose d’une capacité de ressources excédentaires qu’il peut exploiter et accroître sa part du commerce bilatéral avec la Chine, très peuplée et économiquement dotée.
Faisant partie du bassin du Congo, le Gabon est doté de forêts tropicales vierges et d’une riche biodiversité, qu’il peut mettre à profit en attirant les touristes chinois dans le pays. De plus, c’est un pays historiquement stable et stratégiquement situé sur le golfe de Guinée, des qualités majeures que les touristes prendraient en considération lors du choix des destinations de loisirs et d’aventure.
Les experts considèrent la visite de Bongo comme représentative des réalisations, des intérêts fondamentaux et des préoccupations majeures du continent africain, sachant que le Gabon est membre du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC). Les relations commerciales occupent assurément une place importante à l’ordre du jour de la visite d’État. Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, la Chine a été le plus grand partenaire commercial du Gabon pendant neuf années consécutives jusqu’en 2022. La même année, le commerce entre la Chine et le Gabon a atteint 4,55 milliards de dollars, soit une augmentation de plus de 50,8 % sur une base annuelle.
Au-delà du FOCAC, le Gabon est également un partenaire stratégique de la Belt and Road Initiative (BRI). Lors du sommet du FOCAC de 2018 qui s’est tenu à Pékin, le Gabon a été l’un des 28 pays africains à avoir signé des protocoles d’accord pour le développement conjoint de la BRI avec la Chine.
La Chine importe principalement du pétrole, du minerai de manganèse et du bois, et exporte des produits mécaniques et électriques, de l’acier et du ciment vers le Gabon. On s’attend à ce que la conversation en cours entre les deux pays comprenne comment la fabrication, la science et la puissance mondiale actuelles peuvent aider l’économie africaine à ajouter de la valeur à ses matières premières. Il ne fait aucun doute que la Chine est disposée à aider ses partenaires à faire progresser leurs économies de quelques crans au profit de leurs citoyens.
L’éducation est également un autre domaine clé de la coopération bilatérale entre les deux pays et l’Afrique dans son ensemble. Depuis 1975, la Chine a offert de nombreuses bourses gouvernementales aux étudiants gabonais. En 2020 et 2021, China State Construction a construit deux grandes écoles dans le Grand Libreville – Alibandeng et Cap Esterias – qui ont considérablement amélioré les normes d’éducation au Gabon.
Le projet d’école polyvalente d’Alibandeng accueille environ 2 000 élèves du primaire et du secondaire, ce qui facilite la fréquentation scolaire des élèves vivant à proximité. Le programme du collège Cap Esterias accueille environ 700 collégiens, ce qui permet aux élèves d’étudier dans cette région forestière reculée. Cela a augmenté le niveau d’alphabétisation des enfants et des jeunes gabonais.
Les pays africains ont bénéficié de milliers de bourses chinoises pour étudier soit dans leur pays d’origine, soit en Chine pour divers programmes techniques, industriels, professionnels et d’entrepreneuriat. Le pays a également offert de nombreuses bourses dans les arts et les sciences humaines.
Selon le Rapport mondial de suivi sur l’éducation 2020 de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture, la Chine est le principal fournisseur de bourses universitaires pour les étudiants d’Afrique subsaharienne. Le pays a accordé environ 12 000 bourses sur un total de 30 000 accordées par les 50 plus grands donateurs du monde, ce qui représente 40 % de toutes les bourses universitaires pour les étudiants d’Afrique subsaharienne.
Tout comme la Chine et l’Afrique ont constamment besoin l’une de l’autre pour naviguer et finalement surmonter l’unilatéralisme toxique de l’Occident, la Chine et le Gabon ont besoin l’un de l’autre à la fois économiquement et socialement. Le succès du partenariat bilatéral peut avoir un impact positif sur le rétablissement de la paix dans l’Afrique centrale et occidentale, parfois instable, en mettant en valeur les avantages de relations commerciales fructueuses.
Par Stephen Ndegwa, directeur exécutif de Dialogues Sud-Sud, un groupe de réflexion sur le développement des communications basé à Nairobi.