CAN 2022. Le Sénégal enfin champion d’Afrique


Le Sénégal s’arrache sa première coupe d’Afrique. © DR

Ça y est, l’anomalie a pris fin. Le Sénégal courait après ce trophée depuis si longtemps ! Après deux tentatives malheureuses en 2002 et 2019, les joueurs de la “Teranga”, la bienvenue, en wolof, ont enfin eu les nerfs solides, après 330 minutes de finales au total sans marquer le moindre but.

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Défait deux fois en finale (2002 et 2019), jamais sacré dans sa longue et riche histoire, le Sénégal a vaincu hier le signe indien, en venat à bout de l’Égypte, reine d’Afrique du haut de ses sept étoiles, au bout du suspense et d’une crispante séance de tirs au but, format préférentiel des Pharaons depuis 1984, sans interruption. Un dernier acte âpre sans être rasoir, entre les deux meilleures défenses de la compétition, au cours duquel les gardiens ont sorti le bleu de chauffe.

Sadio Mané a raté un penalty en début de match, mais pas son tir au but, après les échecs de Mohamed Abdelmonem et de Mohamed Ahmed, et celui de Bouna Sarr. Le Sénégal prend sa revanche de la séance perdue contre le Cameroun 20 ans plus tôt (0-0, 3 t.a.b. à 2). Aliou Cissé, l’actuel séléctionneur était alors joueur.

Mané a remporté son duel dans le match avec Mohamed Salah, son coéquipier de Liverpool, qui perd sa deuxième finale après celle de 2017 (2-1 contre le Cameroun), et n’a même pas pu tirer son “péno”, lui qui était placé en cinquième position.

Cette victoire porte le sceau d’Aliou Cissé, coach “local” qui avait pleuré sur le terrain les deux échecs précédents.

Joueur, il avait manqué le dernier tir au but de la finale 2002 contre le Cameroun. Entraîneur, il avait vécu la frustration d’un but gag en tout début de match contre l’Algérie que son équipe n’a jamais remonté (1-0).

Ce premier triomphe est bien sûr aussi celui de Mané, même s’il n’a pas réussi un très grand match, semblant porter la peine de son penalty mal tiré.

“Ballonbuwa”, le “sorcier du ballon”, reste le héros de cette finale avec Édouard Mendy, qui a arrêté un tir (Abdelmonem a frappé le poteau), et le capitaine Kalidou Koulibaly, suspendu pour la finale 2019, qui a lui transformé le premier, et a muselé Salah.

Les trois stars mettent fin à 57 ans de malheurs. Depuis leur première inscription en 1965, année aussi de leur première qualification (le Sénégal termine 4e), les Lions de la Teranga couraient après ce titre.

L’Égypte fatiguée

L’Égypte, arrivée épuisée par trois prolongations et un jour de récupération en moins, n’a pas remporté de huitième CAN. Les “Pharaons” ont défendu à l’arraché tout le match, pliant sans rompre sous la domination sénégalaise.

Fatigué, isolé, Salah n’a pas souvent trompé la vigilance de ses défenseurs. Quand il l’a réussi et a visé la lucarne, Édouard Mendy a paré (42e)

L’Égypte a pourtant eu une balle de hold-up, une frappe d’Ahmed Mostafa “Zizo” boxée par Mendy sous sa transversale (117e).

Mais la revanche va arriver très vite: Sénégal et Égypte se retrouvent en mars pour l’affiche des barrages africains de la Coupe du monde. Le duel africain Mané-Salah ne fait que commencer.

Gabaski sur le Nil

On a appris à le connaître, depuis son entrée face à la Côte d’Ivoire à la place de Mohamed El-Shenawy. Mohamed Abou Gabal, dit « Gabaski », est de ceux qui transforment chaque rendez-vous en gala tiré à quatre épingles. Jusqu’ici irréprochable dans cette CAN, l’ovni Abdelmonem commet l’irréparable en fauchant Saliou Cissé, lancé dans la surface égyptienne (5e). La sentence tombe : penalty. Mais Gabaski a vite fait d’éteindre l’enthousiasme galsen, les ouailles d’Aliou Cissé étant déjà en train de se congratuler avant même de voir le cuir au fond du Nil. Sadio Mané a beau la jouer à l’intox, sa mine imprécise est détournée par la nouvelle coqueluche des Pharaons (7e), pour le plus grand plaisir de l’immense Essam El Hadary.

La finale de 2019 avait mal commencé pour le Sénégal, avec un but gag de l’Algérie dès la deuxième minute. Cette fois les Lions ont raté un penalty, par Sadio Mané, arrêté par Gabaski (7e), pour une faute de Mohamed Abdelmonem sur Saliou Cissé.

La victoire est méritée pour les Sénégalais, vainqueurs aux points. Ils ont dominé le match et se sont procuré quelques occasions, mais elles n’étaient pas assez tranchantes, à l’image de ces centres d’Ismaïla Sarr devant la ligne (19e, 23e), et Gabaski a tout sorti.

Le Marseillais Bamba Dieng a trouvé trois fois sur sa route dans la prolongation les gants du gardien du Zamalek (92e, 100e, 115e).

Un duel Mané-Salah

Le thermomètre déjà dans les tours à Yaoundé, les vingt-deux acteurs se démènent entre les escalopes volatiles qui irritent une pelouse déjà pas très au point. Le Sénégal multiplie les percées sur les côtés, mais les centres d’Ismaïla Sarr ne trouvent pas preneur, et les déboulés de Sadio Mané sont classieux, mais vains. Quant à lui, Mohamed Salah est esseulé, mais montre qu’il est en jambes et à même d’empailler des chevilles malgré la fatigue accumulée (28e). Édouard Mendy, testé dans un angle très fermé (43e), demeure vigilant.

Les Lions de la Téranga accélèrent par phases, mais les Pharaons tiennent à leur bout de gras, et Gabaski est de toutes les guerres et sur tous les ballons. La frappe enchaînée d’Idrissa Gueye après une habile feinte de corps tombe dans la niche (50e), avant que le portier de Zamalek ne chipe le ballon dans les pieds d’un Sadio Mané proche de l’écœurement (53e). L’entrée simultanée de Trezeguet et de Zizo côté égyptien ne s’invente pas, et elle apporte surtout du dynamisme, du tranchant aux attaques des septuples champions d’Afrique, qui se signalent enfin un peu plus collectivement. Mohamed Abdelmonem (69e), puis Marwan Hamdi (75e) claquent leur tête au-dessus ou de peu à côté des cages de Mendy.

L’entrée de Bamba Dieng occasionnera bien des sueurs froides à l’Égypte en prolongation, mais Gabaski est infranchissable, que ça soit du coude ou du bout des doigts (91e, 100e et 115e). L’occasion pour le rempart des Pharaons de ressortir l’antisèche sur la gourde, lors d’une séance fatidique de tirs au but. Mais cette fois, il sera trahi par deux tireurs : Mohamed Abdelmonem et Mohanad Lasheen, en échec sur le montant droit puis devant Édouard Mendy, qui n’avait jusqu’ici stoppé que deux penaltys sur 31 dans toute sa carrière. Sans trembler, cette fois, Sadio Mané a libéré les 17 millions de Sénégalais au pays, et sa diaspora, au grand dam de son copain Mo Salah qui a fondu en larme. Qu’à cela ne tienne, le rendez-vous est déjà pris fin mars, pour un duel aller-retour. Au bout, un ticket pour le Mondial qatari.


Ange Elie Mombo

Ange Elie Mombo

Je suis Titulaire d'un Master 2 en Adminitration Réseaux et Systèmes. J'aime le Football, la lecture et des Nouvelles Technologies.

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