[Burkina Faso] Un mouvement de jeunes appelle les autorités de Ouaga à rompre avec la France

Sud Télégramme le 17/04/2022 – La présence française est de plus en plus contestée dans ses anciennes colonies d’Afrique. Après la Centrafrique et le Mali qui ont pris leurs distances avec Paris, le tour reviendra peut-être bien au Burkina Faso où de plus en plus des voix s’élèvent pour appeler à une rupture totale des relations.

Pas plus tard que ce samedi 16 avril, des jeunes Burkinabés réunis sous la bannière de l’AJUDE-BF (l’Association des jeunes pour l’unité et le développement endogène du Burkina Faso) ont, au cours d’une conférence de presse, appelé le pouvoir en place à rompre «définitivement» avec la France. Fortement préoccupés par la question du terrorisme, et devant les échecs patents des missions franco-onusiennes, les leaders de ce mouvement citoyen veulent désormais « envisager la piste d’autres puissances et surtout explorer des solutions endogènes ».
« Il est nécessaire aujourd’hui, voire urgent de mettre fin à tous les accords de défense qui fragilisent et vassalisent notre armée » a martelé Oscar Séraphin Ki, le président de l’AJUDE-BF. Pour lui, la France n’est pas un partenaire fiable. « Si le voisin (Mali, ndlr) a pu s’acheter en six mois, une quantité d’armes de qualité jamais achetée, pourquoi est-ce aussi difficile pour un État souverain comme le nôtre de s’acheter des armes létales pour assurer la sécurité de sa population ?» s’est-il interrogé avant de poursuivre « On doit quitter le pré-carré français, sinon on ne sera rien ».
Il faut dire que la radicalisation du pouvoir de Bamako vis-à-vis de Paris a sans aucun doute nourri cette volonté de rupture à travers l’Afrique francophone qui contestent chaque jour un peu plus la présence de troupes françaises sur leur sol.
Les jeunes de l’AJUDE-BF ont d’ailleurs félicité le cran du chef d’État malien, Assimi Goïta, dans sa détermination à revoir les accords avec la France.
Aussi ont-ils invité le lieutenant-colonel Paul-Henri Damiba, l’homme fort du Faso, à « renforcer sa relation avec le président Goïta ». Dans le même élan, ils ont appelé la jeunesse burkinabé à une mobilisation populaire derrière l’actuel dirigeant, car, ils en sont convaincus, « c’est ensemble que cette lutte pourra aboutir aux résultats escomptés ».